La question de l'accompagnement des évolutions professionnelles ? Honnêtement, c’était un sujet marginal il y a 20 ans : ce qui était important c'était la formation. Ce qui permettait alors d'énoncer sans rire, dans à peu près toutes les situations, cet extravagant aphorisme (à la Woody Allen) : "La réponse, c'est la formation. C'est quoi la question ?".
Aujourd'hui, la mobilité est devenue une donnée ordinaire de l’évolution professionnelle. Du coup, la question de l'accompagnement et de sa qualité devient centrale. Et la formation apparaît comme une réponse possible, parmi beaucoup d'autres.
Qui est André Chauvet, si on le résume en deux mots ? Peut-être tout simplement le Maître Yoda francophone de l'accompagnement. L'alliance de la très grande sagesse - et donc de la très grande puissance de réflexion - et de la pratique. Qui est - quoiqu'en disent les fanatiques des algorithmes - d'abord une pratique clinique, comme la médecine.
Alors, accompagner l’évolution professionnelle aujourd’hui, quels sont les écueils et quelles sont les règles de l’art ?
La question du aujourd’hui est très importante pour André Chauvet. Elle commande donc d’abord de s’interroger sur ce que sont aujourd’hui les évolutions clés du côté du travail. Celles qui sont déjà-là, celles qui sont devant nous.
En second lieu, André Chauvet souligne qu’il y a consensus maintenant sur le fait qu’accompagner les évolutions c’est bien. Mais avec un risque considérable, celui de déconsidérer les personnes : elles ne seraient pas « à la hauteur » des exigences du monde moderne.
Cet allant de soi partagé conduit par exemple à proposer encore une fois des formations pour « résoudre » la question des très nombreux emplois non occupés. Le taux de chômage est de 8% en France environ (données INSEE) et des centaines de milliers de postes sont vacants. S’il faut les former, c’est que les personnes ne seraient pas à la hauteur des emplois proposés ?
Enfin, si le conseil en évolution professionnelle est un métier, alors il y a des règles de l’art, comme dans tout métier. Mais ce qui est unique, c’est que ce métier a été construit d’en haut, par l’État et les partenaires sociaux, notamment par un fameux cahier des charges. À contrario, un métier clinique comme celui de médecin s’est construit sur des siècles de pratiques et de découvertes partagées, de recherche.
Alors que faudrait-il faire pour que le beau métier de conseiller en évolution professionnelle s’installe, soit reconnu ? Et quels sont les écueils qu’il doit éviter ?
André Chauvet est déjà intervenu à l'UODC, en janvier 2013. Un moment d'une telle intensité que beaucoup s'en souviennent encore. Et la vingtaine de capsules vidéo que nous avons éditées de ce moment d’une très grande densité ont été utilisées des milliers de fois. Elles n’ont pas pris une ride.
Mais en huit ans, beaucoup de choses ont bougé : le CEP est apparu, deux lois (2014, 2018) sont passées par là, le monde du travail change vite, la Covid a bousculé de nombreuses règles du travailler ensemble. Les écueils et les règles de l'art de l’accompagnement ont-ils évolués ?
André Chauvet intervient depuis plus de 25 ans dans la professionnalisation des conseillers en mobilité et en insertion professionnelle (orientation, bilan de compétences, VAE), l’aide aux organisations dans la conduite des changements (organisation des services au public notamment) et l’ingénierie de dispositifs d’accompagnement des parcours professionnels.
Aujourd’hui consultant, André Chauvet est spécialiste des questions d’orientation et d’accompagnement des trajectoires professionnelles. Il a été amené à conduire plusieurs études au niveau national (évaluation du dispositif bilan de compétences, Points-Relais information-conseil sur la validation des acquis de l’expérience, accompagnement-VAE, élaboration de référentiels qualité...).
Il a créé en 2008 un colloque national « Accompagner les trajectoires professionnelles aujourd’hui » (Nîmes 2008, Rennes 2009, Marseille 2011) permettant à des professionnels de différents réseaux de se retrouver sur une thématique mobilisatrice commune.
Très impliqué dans les débats actuels sur l’orientation et la formation tout au long de la vie, il a écrit plusieurs articles sur ces thématiques et travaille actuellement sur les impacts des transformations sociales sur les besoins et les pratiques de conseil : utilisation des données socio-économiques en orientation, VAE et mobilisation du pouvoir d'agir, approche qualité et évaluation, effets de la posture professionnelle sur les processus d'engagement, impact des nouveaux rapports au savoir sur les pratiques de conseil. Il poursuit ses recherches sur la mobilisation du pouvoir d’agir dans le prolongement d'un projet européen de transfert d’innovation Léonardo et a initié la création de KELVOA, association internationale consacrée au développement de pratiques alternatives d’accompagnement et de conseil tout au long de la vie.
Il a par ailleurs écrit et présenté plusieurs spectacles théâtraux autour des questions de conseil et d’accompagnement avec la troupe de comédiens Imago Mundi.
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Crédits
Amphi débat du 19/10/2021
Date d'édition : 09/11/2021
Durée : 1:04:02
Programmation et animation : Jean Besançon, directeur de l'UODC
Réalisation et édition : Pierre Cécile
Prise de vue : Enregistrement vidéo issu de la plateforme de visioconférence Zoom
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