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Le contexte
: en 2001, la Commission européenne publiait son livre vert "Promouvoir un cadre européen pour la responsabilité sociale des entreprises" qui ouvrait la porte à un Forum multipartite ayant rendu son rapport en 2004 sur le thème de la contribution des entreprises au développement durable. Siège de débat et de controverses sur le rôle de l'entreprise, tensions autour de l'alternative volontariat / réglementation, ce forum avait aussi pour objectif, de tenter de donner corps à ce qu'il est maintenant commun d'appeler la RSE.

En mai 2006, la Commission a eu le dernier mot sur la RSE, il s'agit pour elle de : "l'intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes". Mais ce mot s'accompagne aussi d'une transformation du Forum plurilatéral, en Alliance pour la responsabilité sociale des entreprises, vaste initiative misant sur des démarches volontaires et... "moins bureaucratique". De quoi s'agit-il ? Quels sont les enjeux ?

L'analyse : Pour Yvon Pesqueux, le passage du Forum à l'Alliance est l'indicateur de changements profonds dans un contexte marqué par (1) les grands scandales financiers remettant en cause la gouvernance des grandes entreprises et les pratiques de leurs conseillers, (2) par un désinvestissement de l'espace public par le politique et les institutions créatrices de normes qui, du coup, se "désinstitutionnalisent", (3) par l'envahissement corrélatif de cet espace public laissé vacant par toutes sortes de normes privées "rendues publiques sans épreuve de la représentation", autrement dit, hors du jeu démocratique, précisément celles relatives à la RSE et au développement durable.

L'expression "développement durable" n'apparaît en fait qu'en 2000 dans le langage managérial en entreprise et dans le contexte terminologique flou de la responsabilité sociale, ainsi que dans le corpus des sciences de gestion. Elle a à des origines et acceptions multiples (philosophique, économique, écologique au sens de l'écologie scientifique, politique) difficiles à concilier d'un point de vue conceptuel, renvoyant finalement à la diversité des acteurs  - parties prenantes... - qui la brandissent.

L'entreprise, créatrice, éditrice de normes, se situe dès lors, dans une double usurpation (1) par l'utilisation d'une expression mais sans référence à ses "filiations" historiques / conceptuelles et la prétention sous couvert de différentes initiatives de type "université d'entreprise" à créer du savoir dans un champ qu'elle ne maîtrise pas et (2) dans l'occupation d'un espace public par la production de discours normatifs servant ses intérêts tout en ayant prétention universelle (référence aux droits de l'homme, des minorités, etc.).

Ainsi, les usages de la notion de développement durable, fournissent un bon exemple de ce que sous-tend largement le passage du Forum européen à l'Alliance : une vraie crise du politique, des institutions et de la représentativité en Europe, qui interroge le devenir de la démocratie participative, qui fait naître aussi une angoisse : peut-être celle du théoricien et praticien en sciences de gestion qui s'interroge plus largement sur les conditions de production de savoirs efficients et... légitimes.

 

Texte : Pierre Cécile




Yvon
Pesqueux, professeur titulaire de la Chaire des systèmes d'organisation du CNAM.

Les mots-clés

Crédits

Vidéo complète n°39
Amphi débat du 21/09/2006
Date d'édition : 01/10/2006
Durée : 0:47:36

Programmation et animation :
Réalisation et édition :
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