Pendant 80 ans le commerce de proximité n’a pas tant changé. Si ce n’est que la grande distribution est devenue un énorme employeur dans le monde : Walmart, c’est 2 200 000 salariés. Mais demain – et la Covid n’a rien arrangé – allons-nous encore faire nos courses dans un magasin ? Si l’activité d’Amazon explose, chacun comprend que l’emploi dans le commerce traditionnel est plus que menacé.
Dans cette gigantesque tectonique des plaques mondiale, une enseigne bien connue comme Monoprix (groupe Casino) a décidé de prendre les devants, d’anticiper, de résister. Un village d’Astérix ? Cela mérite d’y regarder de près.
Ce que Sandra Hazelart, la très étonnante DRH de Monoprix (22 000 salariés) est en train d’initier, en symbiose avec son tout aussi étonnant CEO, Jean-Paul Mochet, c’est de renverser la table pour faire revenir les clients dans leurs magasins.
En s’appuyant sur qui ?
Sur les hôtesses de caisse. Elles sont 5 000 chez Monoprix, naturellement pas ou peu qualifiées, réputées pas compétentes, mal payées. On voit bien le plan social se dessiner pour le tiers d’entre-elles : moins de clients, moins d’activité, moins de passage en caisses, qui sont en plus en train d’être automatisées. La cerise technologique sur le gâteau de la fonte de l’emploi.
Imaginer du neuf, cela veut dire sortir des cadres, ne pas chercher à « améliorer l’existant ». C’est proposer aux clients d’acheter de la décontrainte, du temps pour soi (la denrée la plus précieuse), une solution.
C’est s’intéresser sérieusement aux compétences cachées des hôtesses de caisse, à leurs hobbys, à leurs talents.
La moitié d’entre elles sont investies dans des associations. 1 000 ont déjà l’expérience de s’occuper de personnes âgées. Voyons ce qu’on peut faire avec des EPHAD, qui cherchent désespérément des aides-soignantes motivées. Et donc, sortons du cadre de l’entreprise, ouvrons sur le territoire.
Beaucoup d’hôtesses de caisse adorent faire du sport ? Du vélo ? Et pourquoi ne pas lancer une nouvelle activité dans les Monoprix : vendre et entretenir des vélos en ville. En s’appuyant sur qui ? Sur des hôtesses de caisse reconverties, etc.
Sandra Hazelart dit que ce n’est pas parce que l’on supprime un métier que l’on supprime un emploi. Et elle s’y emploie, dans un dialogue social très soutenu : on ne change pas le travail des salariés contre eux-mêmes.
Alors, concrètement, comment fait-elle ? Au-delà de la vision, quels sont les obstacles concrets, comment on humanise les relations entre ceux qui décident et ceux qui font, qu’est-ce qui est décisif pour avancer ?
Le DRH de demain ? Sandra Hazelart avance que son travail, c’est de rendre possible l’impossible. C’est peu dire que l’UODC était ravie et honorée de la recevoir.
Diplômée de l'Inseec, Sandra Hazelart dédie toute sa carrière au secteur de la grande distribution, d'abord chez Auchan, où elle occupe plusieurs postes de ressources humaines pour différentes enseignes du groupe dont Atac et Simply Market. Entrée ensuite chez Casino en 2012, elle occupe le poste de directrice des ressources humaines de Leader Price puis de la centrale d’achat, bureaux internationaux, JV et du pôle industriel ensuite de l'enseigne Franprix. Sandra Hazelart est l'actuelle Directrice des Ressources Humaines de Monoprix, enseigne du groupe Casino.
Au sujet de Monoprix :
Créé en 1932, Monoprix est une enseigne de distribution appartenant depuis 2013 au Groupe Casino. Leader du commerce de centre-ville avec une présence dans plus de 250 villes en France au travers de ses 6 enseignes (Monoprix, monop’, monop’daily, monop’beauty, monop’station, Naturalia), ses 23 000 collaborateurs animent au quotidien 800 magasins. Monoprix, c'est également un écosystème digital avec Monoprix.fr, Naturalia.fr et Sarenza.com, pure player de l'habillement et de la chaussure. Monoprix est une entreprise reconnue pour l’excellence de ses pratiques RH certifiée par TOP EMPLOYER France 2021.
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Crédits
Amphi débat du 08/03/2022
Date d'édition : 19/05/2022
Durée : 1:15:00
Programmation et animation : Jean Besançon, directeur de l'Uodc
Réalisation et édition : Pierre Cécile
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