La période du confinement a été vécue de manière différente selon les milieux sociaux. Chaque groupe, chaque individu garde en lui ses souvenirs et propres traces narratives de cette période et de ses conséquences. Mais de façon collective, quels sont les récits mémoriels qui dominent ?
Dans En Immersion, enquête sur une société confinée, ouvrage collectif rédigé lors du premier confinement, Flora Baumlin, Marie Gariazzo et Gaspard Jaboulay soulevaient déjà la question en ces termes : « Il faudra voir si une mémoire en particulier prendra le pas sur les autres au niveau collectif, et si oui laquelle. » Ils soulignaient également que « le rôle des médias et des milieux culturels sera déterminant car, dans nos sociétés, ce sont eux qui donnent le “la”. On peut penser que le récit dominant qui émergera sera fortement influencé par l’expérience de ceux qui ont télétravaillé depuis chez eux ou depuis leurs lieux de villégiature […]. L’avenir dira si la mémoire dominante du “Grand confinement” fera la part belle aux récits de télétravail dans les appartements des grandes métropoles ou depuis les résidences secondaires ou si le vécu de millions de Français qui ont continué d’aller travailler ou qui ont été mis à l’arrêt aura également droit de cité dans le grand livre de notre histoire nationale ».
Près de trois ans après le début de la pandémie, la réponse semble assez claire : l’imaginaire dominant autour du nouveau rapport des Français au travail semble bien celui du cadre « en quête de sens », tenté par l’exode urbain, séduit par les nouvelles formes de management et de travail (télétravail en tête), ayant parfois amorcé un projet de reconversion professionnelle. Les choses sont évidemment bien plus nuancées, moins caricaturales. Mais en regardant les sondages de Flora Baumlin, Marie Gariazzo et Gaspard Jaboulay et leurs reprises médiatiques, force est de constater qu’il est souvent question du ressenti des cadres ou, plus globalement, de l’évolution des métiers « télétravaillables »...
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Première des fondations politiques françaises, la Fondation Jean-Jaurès est à la fois un think tank, un acteur de terrain et un centre d’histoire au service de tous ceux qui défendent le progrès et la démocratie dans le monde. Son objectif, en tant que Fondation reconnue d’utilité publique, est de servir l’intérêt général...