Contrairement à nombre d’idées reçues, les jeunes ne rejettent pas le travail. Pour autant, cela ne signifie pas qu’ils soient pleinement satisfaits de leur vie professionnelle. Cette enquête de l'Institut Montaigne a permis d’identifier, avec plus de précision que les travaux précédents, les aspects du monde du travail où leurs attentes restent insatisfaites ou ne sont que partiellement comblées. En réalité, leur insatisfaction provient souvent d'un décalage entre leurs attentes et la réalité des emplois qu'ils occupent. Plus leur niveau de qualification est élevé, plus grand est le risque de déception.

Cette enquête révèle que les attentes des jeunes en matière de qualité du travail varient fortement selon leur niveau de diplôme. Les diplômés des filières professionnelles (CAP, BEP, BTS, DUT) se montrent globalement moins exigeants que leurs homologues issus des filières universitaires généralistes. Cette différence ne concerne pas uniquement la rémunération, mais à peu près tous les aspects permettant d’apprécier la qualité d’un travail – aussi bien l’intérêt de celui-ci que, la reconnaissance, l’autonomie, l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle, ainsi que les perspectives d’évolution. Autrement dit, plus le niveau de diplôme est élevé, plus grandes sont les attentes.

Ce phénomène interroge : le diplôme façonne-t-il les aspirations professionnelles ou bien les aspirations initiales des jeunes par rapport à leur futur emploi influencent-elles le choix du diplôme ? Cette tension rappelle les travaux du sociologue Raymond Boudon sur l’inégalité des chances scolaires (1973)...

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