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Jean-Marie Luttringer
Dans le domaine : Compétences
Vendredi 30 octobre 2020 Comment garantir « La liberté de choisir son avenir professionnel » par temps de crise économique Chronique n° 158 de Jean-Marie Luttringer Cette troisième chronique de la trilogie consacrée au droit de la formation à l'épreuve de la crise sanitaire et économique, suggère d'aller au bout de la logique de personnalisation de ce droit, en instituant en droit effectif à la reconversion et la promotion professionnelle, inscrit dans le long terme, qui est celui de l'équilibre des temps sociaux. Cette approche conduit à soumettre à la critique les théories économiques du capital humain et de l'investissement dans les compétences qui sont au fondement d'une gouvernance par les nombres dont le critère est celui du « retour d'investissement » de court terme.
Cette critique conduit à réhabiliter la gouvernance fondée sur des valeurs, notamment celle de responsabilité, d'égalité, de solidarité. Dans cette vision la formation professionnelle « tout au long de la vie » serait une garantie sociale conçue pour prévenir le risque d'inadéquation et d'obsolescence des connaissances/qualification qui caractérise les mutations économiques que nous traversons. » Il appartient au mouvement syndical, dépositaire « du droit des salariés à la négociation collective de leurs garanties sociales, de substituer à la gouvernance par les nombres la gouvernance par les valeurs. Le droit du travail, dont la formation professionnelle constitue une branche, rabaissé au cours de ces dernières décennies en simple technique de gestion, retrouverait de la sorte sa finalité première, de protection et d'émancipation des salariés.

Le théorème de Bertrand Schwartz « on ne forme pas une personne elle se forme si elle y trouve un intérêt » est plus que jamais d’actualité et pertinent dans la situation de mutation économique que nous connaissons. La régulation collective du système de formation professionnelle (voir chroniques 157) pour déterminante qu’elle soit dans la définition des règles d’allocation des ressources (le temps, l’argent, les ressources pédagogiques) et des conditions juridiques d’accès à la formation, ne saurait se substituer à « la liberté de chaque personne quel que soit son statut, de choisir son avenir professionnel » affirmée par la loi du 5 septembre 2018. 

Rien ne serait pire, au motif des ressources exceptionnelles affectées à la formation professionnelle par le plan de relance, que le retour à la prescription de formation par un tiers, l’employeur ou pôle emploi (hormis des formations courtes d’adaptation au poste de travail) . Le risque serait alors grand de retomber dans la dérive des « stages parking » que les politiques publiques de formation professionnelle ont engendrés à de nombreuses reprises au cours de ces dernières décennies. Ce risque est d’autant plus grand que la période appelle des formations lourdes de reconversion professionnelle, dont la réussite est tributaire de l’implication de l’apprenant qui, elle-même,repose sur le libre choix de la formation...

Télécharger la chronique de Jean-Marie Luttringer et Sébastien Boterdael


Jean-Marie Luttringer, juriste, consultant en politique de formation professionnelle (JML Conseil), est l'auteur d'une intervention à l'UODC : « La nouvelle donne juridique de la formation. Ce que la loi du 5 mars 2014 va progressivement transformer », Vidéo complète n°174, février 2015.
Sébastien Boterdael est consultant en droit et politiques de formation (Sauléa Conseil).