« Quarante ans après la loi fondatrice du 16 juillet 1971, notre système de formation professionnelle repose aujourd'hui sur des bases solides grâce, notamment, aux nombreuses réformes déjà engagées. C'est pourquoi, à peine deux ans après la réforme de 2009 qui n'a pas encore eu le temps de produire tous ses effets, notre assemblée considère qu'il n'y a pas d'urgence à réformer à nouveau le système de formation professionnelle. »
40 ans de formation professionnelle : Bilans et perspectives (Avis du Conseil économique, social et environnemental, CESE, 13 décembre 2011 : 174 voix pour, 22 abstentions)
Le système de formation professionnelle français reposerait sur des bases solides : il faudrait simplement à l'avenir lui apporter quelques améliorations.
L’avis du CESE formule à cet égard « quatre objectifs prioritaires à toute évolution négociée du système de formation professionnelle : mieux articuler formation initiale et continue, accroître l’efficacité et la qualité de la formation, faire de la formation un outil de sécurisation des parcours professionnels et, enfin, clarifier la gouvernance ».
Cela rappelle quelque chose… En 1999, il y a maintenant treize ans, paraissait un fameux « livre blanc » sur la formation professionnelle française : La formation professionnelle. Diagnostics, défis et enjeux. Sa qualité unanimement reconnue lui donna une grande audience. Il est publié sous la responsabilité de Nicole Péry, secrétaire d’État aux droits des femmes et à la formation professionnelle, sous la coordination de Vincent Merle, alors directeur de cabinet. Que disait ce livre blanc ? Trois idées fortes :
- La première était celle d'un constat lucide sur les errements d'un système qui court à l'échec, car il n'a pas réussi à faire reculer les inégalités.
- La seconde idée forte avancée était de lever les freins au développement de la formation, en particulier dans les petites et moyennes entreprises (pme) : il s'agissait de développer les formations qualifiantes en lien avec la réduction du temps de travail, d'asseoir les pratiques de co-investissement en formation, bref, de moderniser la formation professionnelle.
- Enfin, étaient tracées les bases d’une nouvelle architecture d'un système de formation professionnelle reposant sur quatre piliers : droit individuel transférable garanti collectivement, prise en compte des acquis, développement de la professionnalisation et de l’alternance dans le système éducatif, clarification du rôle des acteurs (régions, entreprises, partenaires sociaux, État).
Certes, mais non sans difficultés, la VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) et le DIF (Droit Individuel à la Formation) sont arrivés. Mais ces deux pratiques ont-elles bouleversé le système français de formation professionnelle ?
Depuis 1971, quelques 100 rapports, 30 lois... : « complexité », « empilements », « rustines », etc. ? Alors, si on essayait, de trouver des leviers pour refonder de la formation professionnelle dans ce pays ?
Pourquoi ? Parce que les inégalités que produit le système de formation initiale ne reculent pas, au contraire. Parce que la formation professionnelle (plus de 31 milliards d’euros) va d’abord aux plus formés, aux plus grandes entreprises, aux cadres, aux insérés dans le système. Parce que plus que jamais l’activité et le travail s’installent et se développent là où sont les compétences. Parce que, rituellement, dès qu’un grand problème social majeur est évoqué dans ce pays par les plus hautes autorités (par exemple : le chômage), la blague à la Woody Allen est de sortie, sans rire : « La réponse, c’est la formation. C’est quoi au fait la question ? »
Vincent Merle a accepté de tenter de relever le défi. En prenant appui sur l’Avis du Conseil économique, social et environnemental présenté par Françoise Geng, la présidente de la section du travail et de l’emploi du CESE.
L'amphi débat édité ici a eu lieu en pleine campagne présidentielle. Les propos sont de qualité et appellent toujours au débat : les grandes questions restent d'actualité !
Jean Besançon
Màj 13/09/2021
Vincent Merle (†2013) professeur au CNAM, Conservatoire national des arts et métiers, titulaire de la chaire "Travail, emploi, acquisitions professionnelles", responsable de l'équipe Métiers de la formation.
Il était depuis juin 2011 président d'Aquitaine Cap Métiers, association régionale pour la formation, l'orientation et l'emploi.
Il a notamment présidé le groupe de travail sur la validation des acquis de l'expérience, mis en place en septembre 2008 dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle, et accompagné le directeur des ressources humaines de Veolia Environnement pendant sept ans en tant que directeur de la prospective sociale.
Il a été, de 1998 à 2002, le directeur de Cabinet de Nicole Péry, secrétaire d'État aux droits des femmes et à la formation professionnelle. Il a participé activement dans ce cadre à l'élaboration du fameux Livre blanc La formation professionnelle, Diagnostics, défis et enjeux (La documentation Française, 1998).
Vincent Merle a été directeur du Céreq (Centre d'études et de recherches sur les qualifications) de 1994 à 1998, après avoir travaillé à l'ANPE (Agence nationale pour l'emploi) dans les années 1980. C'est un expert reconnu de la formation professionnelle, il enseigne également sur les thématiques de la gestion par les compétences dans les entreprises, la construction des parcours de progression professionnelle, la certification et la validation des acquis de l'expérience.
Auteur de nombreux articles (voir notamment ici), il a entre autres écrit "Formation professionnelle : un nouveau compromis social à construire" (in Éducation Permanente, n° 129, décembre 1996), "La validation des acquis de l'expérience dans le travail social : un risque ou une nouvelle chance ?" (in Informations sociales, n° 135, octobre 2006). Il est également l'auteur des ouvrages Reconversion des adultes peu qualifiés (1992) et Structures du marché du travail et politiques d'emploi (en coll., 1986).
Françoise Geng est présidente de la Section travail et emploi au sein du CESE, Conseil économique, social et environnemental.
Membre désignée de la CGT au sein du CESE, elle est membre de la direction nationale Fédération Santé Action sociale CGT.
Françoise Geng exerce la profession d'adjointe des cadres hospitaliers.
Au sein du CESE, elle participe également aux travaux de la Délégation à l'Outre-mer.
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Crédits
Amphi débat du 21/02/2012
Date d'édition : 08/10/2012
Durée : 1:21:30
Programmation et animation : Jean Besançon, directeur de l'Uodc
Réalisation et édition : Pierre Cécile
© Pratiques & Stratégies - octobre 2012 - reproduction interdite