La question des transitions professionnelles devient l’un des sujets majeurs de la vie au travail.
Pourquoi ? Parce que les bouleversements en cascade provoqués par la Covid-19 révèlent de manière brutale que ce qui paraissait stable comme travail hier (Airbus, pour faire image), pouvait se révéler aussi friable que le sable. Que l’incertitude sur ce qui est porteur sur le travail demain devient la règle. Du coup, la question de l’accompagnement des transitions professionnelles, c’est-à-dire de ce qui attend tout un chacun, devient un sujet majeur de société.
Alors bien sûr il y a la réponse individuelle : accompagner personnellement chacun dans sa transition professionnelle. Le Conseil en évolution professionnelle, heureuse création des partenaires sociaux en 2013, instauré par la loi du 5 mars 2014 et conforté par la loi « Avenir professionnel » de 2018 apporte une partie de la réponse : il existe en France des dispositifs qui permettent (sans forcément en parler à son employeur) de faire un bilan de compétence, d’être accompagné dans son projet d’évolution professionnelle.
Mais chacun comprend que cette dimension individuelle n’est qu’une partie de l’iceberg. La Covid est une crise sanitaire qui révèle les limites d’un modèle de développement sur une planète qui n’est pas extensible.
Conséquence ? Très concrètement, ce que va devenir le travail productif, utile, durable devient incertain pour beaucoup.
Alors, comment accompagner au mieux les transitions professionnelles ? Philippe Debruyne, très fin syndicaliste et acteur majeur de la question dans le pays porte très fort que la réponse est aussi collective.
Qu’elle concerne toutes les parties prenantes, à commencer par les chefs d’entreprise. Et que la réponse se joue au niveau de chaque bassin d’emploi : 90% des évolutions professionnelles de ceux qui travaillent se feront dans un rayon de 30 km (si on met de côté le mouvement récent de cadres qui migrent pour vivre et télétravailler autrement).
C’est donc au niveau du territoire de vie et de travail que tout se joue. Que des entreprises voient leurs marchés s’effriter, des emplois disparaître. Que d’autres « ne trouvent pas » (ce qui est le souci d’un très grand nombre de responsables de PME et de TPE) et sont bloquées dans leur développement.
Et donc, accompagner les transitions professionnelles, c’est réussir à ce que tous les acteurs de ce qui contribue à la dynamique du travail sur un territoire se parlent et s’épaulent en confiance : partenaires sociaux (employeurs et salariés), élus locaux, OPCO, services de l’Etat, acteurs de l’accompagnement (Pôle emploi, CEP, Missions locales, APEC).
Et agissent de manière efficace, coordonnée, souple, agile pour que les chefs d’entreprise puissent parler de leurs fragilités en confiance, que les salariés puissent se sentir sécurisés dans leurs mouvements. Le très récent dispositif Transitions collectives montre que ce chemin a (enfin) été entendu et serait soutenu, si tant est qu’il échappe au pilotage sur-réglementé et jacobin dont notre pays a le secret et qui a fait échouer tant d’initiatives utiles.
Accompagner les transitions professionnelles ? C’est installer une toile de confiance sur un territoire. C’est ce que le très astucieux dispositif du Contrat de transition professionnelle piloté notamment par Philippe Dole avait expérimenté avec succès sur 40 territoires à la fin des années 2000.
Philippe Debruyne connaît l’histoire, connaît les écueils, est entreprenant, ne lâche rien, est écouté. Il incarne la place que pourraient prendre les partenaires sociaux sur l’un des sujets les plus majeurs du travail aujourd’hui.
L’UODC était particulièrement honorée de le recevoir et heureuse de vous inviter à l’entendre et débattre avec lui sur un sujet aussi crucial.
Secrétaire confédéral CFDT en charge de la sécurisation des parcours par le développement des compétences et la formation professionnelle, Philippe Debruyne est administrateur de France Compétences et président de sa commission Evaluation. Il est aussi fondateur de Certif’ Pro, association paritaire qui délivre les certifications CléA et CléA numérique, et qui fédère les associations régionales Transitions Pro.
Il était jusqu’en 2018 président du Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi et la formation (Copanef) et vice-président du Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (Cnefop).
Ancien journaliste, il a été de 2001 à 2007 vice-président puis président de Médiafor, OPCA de la Presse (aujourd’hui fusionné avec l’Afdas), au nom de la fédération Communication, Conseil, Culture (F3C) CFDT, dont il a été secrétaire général adjoint jusqu’en 2008. Il a ensuite travaillé au sein des cabinets Ithaque puis Syndex.
Il est titulaire de l’executive master management de la formation (EMMF) de l’université Paris-Dauphine.
Créée en décembre 2018, Certif’ Pro, l’association nationale pour la certification paritaire interprofessionnelle, est l’interlocuteur unique de l’Etat et de France compétences sur toutes les questions nationales concernant les Transitions Pro et pour tous les sujets liés à la transformation des Fongecif.
Certif’ Pro a pour but de favoriser l’essor de certifications au niveau interprofessionnel et interbranches répondant aux besoins en compétences et en qualifications du marché du travail, à destination des personnes engagées dans la vie active, des employeurs et salariés, des organismes et instances paritaires et des partenaires privés ou publics. Elle est titulaire des droits de propriété de CléA et CléA numérique.
Elle porte à ce titre les chartes nationales établies par les partenaires sociaux comme la charte CQPI votée par le CPNFP du 16 mars 2012 ; la charte de la certification professionnelle votée par le COPANEF le 24 mai 2016 ou la charte CCPI votée par le COPANEF le 20 septembre 2016.
Certif’ Pro assure la régulation et l’harmonisation des pratiques des associations Transitions Pro sur l’ensemble de leurs missions, en particulier sur :
• la cohérence des critères et des process en matière de règles de prise en charge des projets de transition et de reconversion professionnelles, afin de garantir les principes d’égalité/équité d’accès au CPF de transition professionnelle sur l’ensemble du territoire ;
• la mise en place d’un système d’information commun, permettant d’assurer la gestion et le suivi de l’activité des associations Transitions Pro, des projets de transition et de reconversion ainsi que de partager le suivi de la mise en œuvre du CEP ;
• la structuration d’une méthodologie commune de suivi de la mise en œuvre du CEP pour l’ensemble des publics précisant le rôle des associations Transitions Pro, en lien avec les autres partenaires territoriaux ;
• la coordination des pratiques communes sur les missions de contrôle de la qualité des formations dispensées dans le cadre d’un projet de transition professionnelle et des actions de positionnement préalable ;
• la définition d’un périmètre socle d’indicateurs, de partenariats et de ressources mobilisables pour la mise en œuvre de la mission d’« analyse des besoins en emploi, en compétences, en qualifications » ;
• le pilotage et l’évaluation de l’expérimentation sur la validation des acquis de l’expérience ;
• l’élaboration des statuts types des associations Transitions Pro.
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Crédits
Amphi débat du 13/04/2021
Date d'édition : 25/05/2021
Durée : 1:11:13
Programmation et animation : Jean Besançon, directeur de l'UODC
Réalisation et édition : Pierre Cécile
Prise de vue : Enregistrement vidéo issu de la plateforme de visioconférence Zoom
© Pratiques & Stratégies - mai 2021 - reproduction interdite