Le « e-learning » fonctionne-t-il, c’est à dire sert-il réellement à quelque chose en terme d’apprentissages réels, d’accroissement des compétences au travail ?
Il est rare qu’un utilisateur expert et actif du e-learning dans l’entreprise s’interroge à ce sujet : à haute voix, sans langue de bois excessive. En nous plongeant au cœur des problématiques de formation d’une entreprise multinationale aujourd’hui.
« La formation classique permettait de se voir, de se parler et transmettre l’esprit de marque. Avec le e-learning, on perd cet esprit d’appartenance.
La formation en présentiel ne fonctionne peut-être pas beaucoup mieux…, mais elle apporte quelque chose que le e-learning ne permet pas : des réseaux informels se créent autour de l’échange entre individus sur les pratiques, les métiers, etc. » Michel de Koubé
Son expérience est certes singulière : Nissan Europe rassemble 21 pays, 19 langues différentes. Mais elle est précise, documentée, réfléchie. Elle s’appuie sur plusieurs années de pratiques actives, elle donne à penser et à débattre.
En 2010, il semble que la formation - toujours parée de toutes les vertus en matière de traitement d’innombrables difficultés sociales - s’interroge aussi sur son utilité réelle : pas toujours facile à prouver, sérieusement bousculée par de nombreux experts.
Aussi l’Université ouverte a choisi de travailler sur les voies émergentes de la professionnalité partagée. Après avoir débattu avec Stéphane Hugon (le 2 février 2010), puis Véronique Duveau (le 16 février), interroger directement une des voies contemporaines de développement de la formation nous paraît salutaire.
Les mots et les concepts nouveaux n’ont en effet pas manqué en formation depuis 20 ans : « formation « ouverte et à distance (FOAD) »,« e-learning » « Blended », « Multimodale », etc.
Ils croisent de vieilles questions, dont certaines sont bien connues depuis le XIXème siècle et la progressive généralisation du livre scolaire : comment faire rentrer du capital dans l’éducation et la formation, comme dans de très nombreuses activités humaines ?
Ils revisitent une interrogation tout aussi ancienne : peut-on apprendre efficacement sans être régulièrement physiquement en face d’un professionnel de l’apprentissage (enseignant, formateur, tuteur, etc.) ?
Il y a 10 ans, il y avait peu de doutes : les technologies et internet allaient sérieusement bousculer les processus centenaires d’apprentissage. Une illustration parmi dix (Rapport final d’une table ronde officielle à ce sujet en septembre 2000) en donne un bon écho :
" Les Technologies d’information et de communication (TIC) prennent une place chaque jour plus importante dans les activités de production, mais aussi dans celles liées à la formation.
Elles permettent de s'affranchir des distances du temps et favorisent la création de réseaux d'apprentissage. Elles facilitent l'accès à la formation pour les PME/PMI et pour les publics isolés. Elles créent un accès potentiel à un ensemble quasi infini de ressources. Les frontières s'estompent entre information, documentation, communication et formation.
Dans le même temps, les TIC font passer la formation d'une économie de main d'œuvre à une économie de capital. Elles font entrer dans le système de nouveaux acteurs : producteurs de ressources, éditeurs, opérateurs de télécommunication, … "
Où en sommes nous en 2010 dans les entreprises ?