
Depuis la fin de l’ère Covid, un curieux sentiment d’apathie semble flotter dans les couloirs des entreprises françaises. Alors que 40 % des employés se disent épuisés, les nouvelles générations sont accusées de remettre en question la valeur du travail, tandis que les seniors se méfient des mutations accélérées des compétences. Une fracture intergénérationnelle menace, exacerbée par l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle. Faut-il y voir une simple exagération ou le symptôme d’un bouleversement plus profond ?
Reverse mentoring, flex office, ikigaï, quiet quitting, éco-anxiété… Ces termes autrefois confidentiels sont devenus monnaie courante, reflétant une transformation des aspirations professionnelles. Nourris par la cyberculture et les réseaux sociaux, de nouveaux codes s’imposent dans l’open space : quête de sens, exigence de liberté et rejet des carrières linéaires fondées sur l’ancienneté. L’idéal méritocratique s’efface au profit d’un nouvel impératif : l’« happycratie », où le bien-être devient une exigence contractuelle.
Désormais, les managers ne sont plus de simples chefs, mais des leaders inspirants et influenceurs de proximité. Les anciennes méthodes de management top-down ont vécu, remplacées par un modèle collaboratif qui peine à s’imposer...
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Olivier Truong est senior fellow à l’ESCP. Il est également professeur affilié en changement organisationnel et leadership à l’Université Mohammed VI Polytechnique et enseignant en négociation à Sorbonne Université.
Biographe des familles et historien d’entreprises, Pierre-André Bizien est diplômé en sciences humaines, spécialisé dans la restitution du patrimoine mémoriel des individus et des groupes fracturés.