Quoi et comment enseigner ? Quelles connaissances transmettre alors que de nouveaux outils auraient le pouvoir de puiser dans l’intégralité du stock de connaissances de l’humanité pour répondre à n’importe quelle injonction, à n’importe quelle requête ?
Mais voilà, c’est l’idée même de stock qui fait tiquer. Indépendamment des questions vertigineuses que soulève la perspective de fabriquer des générations d’individus sachant manier les outils mais concédant à la machine l’apparente maîtrise du savoir, la connaissance évolue. Transmettre des connaissances s’inscrit dans un équilibre subtil qui conduit à rendre possible leur évolution, voire leur remise en cause. Einstein a relativisé les théories physiques qui lui avaient été enseignées, et l’ordinateur quantique rendra peut-être obsolètes les ordinateurs tels que nous les connaissons. L’histoire de la civilisation est faite de ruptures, dont tout conduit à penser que l’IA est incapable. Car si elle tourne très vite, la bougresse, c’est en rond, comme un hamster dans sa roue.
Des ruptures, certes, mais c’est néanmoins une logique d’accumulation qui semble se dessiner sur la longue période, depuis l’invention de la roue, la découverte du feu et les travaux de penseurs que l’Histoire a jugé bon de ne pas envoyer aux oubliettes : même l’intelligence artificielle “sait” encore qui sont Thalès, Hippocrate, Aristote et Archimède. Nous sommes, de génération en génération, depuis la nuit des temps, des nains sur les épaules de géants de plus en plus imposants, et nous nous mordons d’ailleurs les doigts...
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