À l’heure où " se former tout au long de la vie " est passé de l’idée neuve à la formule incantatoire, apparemment usée avant même d’avoir trouvé une quelconque réalité, l’intervention de Guy Jobert est précieuse.

Elle nous livre une lecture, une boussole et une carte.
Sur quel objet ?
Sur quarante ans de pratiques, de tâtonnements, de recherches, d’inventions, d’enthousiasmes et de déceptions en formation d’adultes.
Dans une vision où la formation est indissolublement liée à la question du changement, son analyse des échecs et des limites des pratiques qui faisaient consensus il y a quarante ans, vingt ans, voire encore aujourd’hui est un singulier électrochoc. Même présentée avec un délicieux talent de conteur.

Dans une intervention très structurée, Guy Jobert nous livre sa lecture des trois âges de l’intervention formative depuis les années 1960. Celui des actions et des interventions centrées sur la personne, au début des années 1960, puis centrées sur les structures à partir des années 1980. Celui, enfin, beaucoup plus récent, qui s’intéresse à la question du travail.

Avec toujours cette utopie qui traverse les trois âges : la formation, le formateur est un agent de changement, formation et changement sont intimement liés. C’est à partir de cette lecture que Guy Jobert invite les acteurs de la formation à reprendre et " tenir les deux bouts " du changement des personnes des organisations.

C’est là qu’il esquisse les pistes de ce que pourrait être une véritable " formation tout au long de la vie ". Celle qui s’intéresserait au travail, qui donnerait la possibilité aux personnes d'entrer dans des " dispositifs " leur permettant de parler de leurs activités, de " faire de leurs expériences un objet de parole pour en faire un objet de pensée ", de reprendre ainsi la main sur leurs actions, et leurs vies.

Texte : Jean Besançon

Guy Jobert, est professeur titulaire de la chaire de formation des adultes au CNAM, Conservatoire national des arts et métiers.

Il est professeur en sciences de l'éducation à l'Université de Genève.

Il dirige la revue Éducation permanente, première revue francophone de recherche dans le champ de la formation d'adultes, créée en 1969 par Bertrand Schwartz.